« Je crois qu’il faut reconnaître l’erreur que nous avons commise. Il me semble que quelque chose nous invite à cela : que le monde nous y pousse irrésistiblement et qu’il est dérisoire et ridicule de ne pas vouloir passer aux aveux. Je ne résiste pas. Je laisse faire cette logique du monde qui veut que je sois maintenant là, assis devant vous, à avouer ce qu’il faut avouer, à dire ce qu’il faut dire. Il est sans doute vrai, selon une certaine appréhension des choses, que je suis innocent, que je n’ai rien fait – au sens strict du terme « faire ». Mais,  j’ai trop conscience de n’être innocent de rien, j’ai trop conscience d’avoir été coupable souvent, sans jamais avoir été inquiété, conscient d’avoir commis bien plus de crimes que vous ne m’en reprochez, pour me battre contre ce qui est moins une injustice qu’une petite réparation du destin. En fait, il me semble que si le monde nous invite à l’aveu, c’est d’abord profondément parce qu’il nous pousse au meurtre. C’est une étrange perversité qui m’habite et dont je ne saurais dire si elle fut là toujours ou si j’ai fini par la construire, à force de vivre. Je ne me souviens pas avoir envisagé la chose autrement. Je ne me souviens pas avoir vécu sans avoir avec moi, contre moi, la culpabilité légère des crimes que je n’avais pas commis, mais qui étaient miens, toutefois, sans que je ne puisse dire exactement pourquoi. Peut-être est-cela, la fatalité, vous ne pensez pas ? »

Anonyme.





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