
deux hommes passent sur la place
où tu bois
ils passent une fois deux fois cent
fois sans te voir
et tout ce que tu fais toi c’est boire
deux hommes passent sur la place
où tu bois
le corps dissout confondu brûlé
la terre entière
est une chose à creuser
qu’il faut rire
deux hommes passent sur la place
où tu bois
l’ivresse son tanin tous les dieux
morts avant d’être tués
rire du soleil et du ciel tombé rire
de la beauté
ouvrir des tranchées gonflées
d’amour vain
il faut boire et se foutre divinement
de la poésie
le temps est compté il faut vivre
deux hommes boivent avec toi
sur la place
loin tu as gagné la Tête d’Or
et les rives
deux crânes verts d’hommes ivres
se confondent
aux prières que tu fais toutes les nuits
dans les chemins déserts
les choses que l’on enlace ne durent pas
elles s’épuisent
deux hommes boivent tu es ivre
aspirent les bouches qui t’ignorent
il faut vivre
la Tête d’or avait le goût du sang chaud
de l’herbe taillée
le ciel trois fois y était renversé
sur le ventre
allons tu es partis loin maintenant
rentre
fuir la grande ville les grandes allées
grouillantes
tous les visages regardés une fois et
aimés
la gorge pleine d’un corps caché craché
à peine mort
soleil couché coupé tombé le pont
d’or
la rue plongée aux rideaux des fenêtres
et le vent
les mains frôlées de ce qu’il est possible
d’être
vois ce que tu aimes et ce qui te
remplace
tu bois à l’aplomb des grands hêtres
sur la place
il fait chaud la nuit tombe tu bois
deux hommes passent
ils passent une fois deux fois mille
fois
sans te voir
tu as bu ce qu’il y avait à boire