les pays qui n’ont jamais été autrement
qu’en rêve disent tout et je voudrais rêver
je ne sais pour quelle mémoire j’écrirai
ni pour quel deuil ou pour quel commencement
la fin du monde aura lieu depuis longtemps
et je passerai aux aveux
avant l’émail le néon la pierre caleuse
avant la peste du désir et les embrassées
je ne sais pour quelle mémoire j’irai
en mon corps ouvrir les portes closes
ce qu’en ton corps des arbres nus déposent
l’œil découvert et les voiles tombées
je ferai la liste de ce que je dois répéter
je ferai comme si je l’on m’appelle quelque part
et je serai vieux comme après un départ
si vieux que l’on pourra m’oublier
il faut l’amnésie de ce qui est en exil
perdre la mémoire de terre où l’on n’a pas vécu
les pays jamais vus sont les seuls qui comptent
faire le décompte de l’inexploré