Pas une nuit passe sans que je m’éveille, effrayé, dans l’obscurité totale de ma chambre. J’ouvre les yeux convaincus d’être aveugle – je le suis. Je cherche fébrilement une lumière. Il n’y a rien – tout est clos, débranché, éteint. Je veux me lever et courir dans le salon – voir quelque chose devant mes yeux brûlés. Je n’ose le faire. Je n’ose bouger car, effrayé et aveugle, je me crois observé par une ombre. Alors, plusieurs minutes, je fouille le noir et je n’y trouve rien. Mes mains touchent mes jambes nues. Mes jambes pendent au bout du lit. Je suis à l’aplomb d’un silence qui me tue. Puis, peu à peu, revient, lucidement, l’ordre des idées : mauvaise nuit, cauchemar, tout est bien. Je m’endors rassuré de ne pas voir – car, ce n’est pas moi qui est rendu aveugle, mais le monde.
Votre commentaire