Ton ventre est l’atelier où je distille ta haine. Tuyère encrassée par cette unique solution de cilice et de glaire. Tes cheminées brassent, nuit et jour, une épaisse buée amère qui couvre les étoiles. Autour, les villages sont noirs et fabriqués de peste. Les herbes, dans les champs, sont étouffés de cendre et je n’y marche plus. J’ai perdu les repères nécessaires à ta vue – je suis nu et habillé, bu et recraché et j’habite un grenier. J’ai cherché longtemps, longtemps ce qui justifiait d’avoir été donné en pâture – comme si je devais être le festin de tous les mondes possibles. Mais, rien. Les lanternes, dans mes mains, s’éteignent étrangement quand je les entretiens. Du plomb chaud accroche dans mes paumes. J’ai faim. Je passe dans les allées inhabitées des choses et j’attends d’être vu. Bleue, blanche, branche cuite sous les épines des pins. Au loin, quelque fois, sont des lucioles suspendues aux montagnes. Elles glissent dans les vallées comme de longues rivières. Vertes et abîmées comme des billes de métal. Il est urgent de voir. Je veux dormir – ma tête se souvient d’une certaine mémoire où j’ai posé ma joie. Je veux dormir – je la trouverai là. Lucioles ou éclats, insectes de braises molles. Mes pieds piétinent une terre folle où je crois m’abriter – du sable et des galets. Je ne sais comment sortir de l’industrie du vide. Ne plus faire de mon corps une voile, un fantôme et un drap. Ma tête est une vigie que je voudrais aveugle. Il est urgent de voir. Mes lèvres reposent sur une couche informulée. Je pense. Je pense cette suie que j’appelle idée. L’appel est lancé depuis une certaine île où j’ai creusé un trou. Mon œil est une lune dévorée par des loups.
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