je lui dis :
toi non plus
tu ne t’approches
qu’en partant
pierre à pendule
qui tombe
et se reprend
ni ta chute
ni ta flamme
proche, lointaine
évaporée
pierre à briquet
combustion
ton jardin peut brûler
lui aussi
et le champ
que couvre
la haie brune
presque tu regardes
les rosiers
dans les flammes
la rhubarbe
flamber elle aussi
elle me montre les fissures
dans la salle d’eau
les camions frottent
leurs dos noirs
sur le bitume
jusqu’à chez nous
pierre à enclume
frappe frappe
frappe je te vois
peut-on mourir
deux fois je me
demande cette
fois si tu es là
encore
maintenant moi
je me recule
quand tu cognes
le métal
la poussière vole
en nuage nous jouions
à être sage mais
la rage du chien
bavait sur nous
mousse jusqu’au
genoux
frappe frappe frappe
tu as plié déjà
une centaine de tôle
l’orage clapote ta gnôle
cachée dans le mur
tu la bois en glouglou
mes joujoux ruissèlent
d’amour ensevelis
ah je te tiens les mains
tu dis : viens voir
je viens tenu droit
je me tiens bien
devant toi tu dis :
c’est bien
frappe encore
je pense cela fort
tes oreilles ont des lobes
que le froid a mangé
quand tu étais soldat
à la guerre chasseur
alpin on-ne-sait-où
frappe
les galets ont cette odeur
de devenir ancien
si j’ouvre maintenant
un tombeau égyptien
c’est la même
tu es mort mon crâne
est habité de reliques
qui piquent comme
des guêpes
des guêpes dans le ventre
tu es mort le
centre est
baigné d’horizon
frappe
frappe
frappe