Un couple se dispute à la table située devant moi dans un café d’une place de Montreuil. Je bois mon chocolat chaud. Je crois qu’il s’agit d’une crise de jalousie. Je voudrais pouvoir écrire que je n’écoute pas, mais j’écoute. Je ne fais pas qu’entendre, j’écoute. L’homme ne cesse de dire qu’il a, je cite, « fait une connerie » et celle qui n’est peut-être déjà plus son amoureuse semble considérer ce langage comme une minimisation abusive de ce qu’elle lui reproche. « C’est malsain » dit-elle.  Le cœur de la dispute concerne le fait qu’il a accompagné son ex-femme je-ne-sais-où alors qu’il venait tout juste de déposer son amoureuse quelque part. Je crois que nous en sommes tous là dans le café : nous voudrions ne pas avoir à faire le choix de ne pas écouter, je veux dire que nous voudrions ne pas avoir à faire le choix de ne plus faire attention à ce qui se dit. Nous nous situons tous sur la crête difficile qui sépare une vague curiosité et un vague ennui. Maintenant que je veux simplement écrire, je me retrouve à simplement écouter parce que j’ai prêté, dès le départ, une trop grande attention aux gestes parasites de leur dispute. Nous échangeons avec le barman un regard complice et je crois que nous voudrions rire. L’homme se lève pour recommander une bière. « Il est bien se rade » dit-il.





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